Âdi Shankarâcârya | Sage | Les Éditions Discovery | Discovery Publisher France
Les Éditions Discovery est un éditeur multimédia dont la mission est d'inspirer et de soutenir la transformation personnelle, la croissance spirituelle et l'éveil.
Les Éditions Discovery, édition, médias, livres, livre de poche, ebooks, kindle, ibooks, applications mobiles, google play, vitrine, biographie, voyage, spiritualité, histoire, roman, transformation personnelle, croissance spirituelle, éveil, auteur, enseignant spirituel, penseur, guérisseur, visionnaire, artiste
27095
page-template-default,page,page-id-27095,page-child,parent-pageid-23409,bridge-core-1.0.5,bridge,,qode-page-loading-effect-enabled,side_area_uncovered_from_content,qode-content-sidebar-responsive,qode-child-theme-ver-1.0.0,qode-theme-ver-18.1,qode-theme-bridge,qode_header_in_grid,wpb-js-composer js-comp-ver-6.7.0,vc_responsive
 

Âdi Shankarâcârya

Shankarâcârya : le maître de la non dualite. Le nom du philosophe indien Âdi Shankarâcârya suscite partout en Inde et dans le reste du monde, un grand respect qui s’adresse à la fois à la gloire spirituelle du maître, à sa perfection poétique et littéraire, à sa ferveur dévotionnelle et à sa profondeur philosophique. Shankara est le philosophe qui a mis l’Advaita Vedânta sous sa forme finale et il est à ce titre considéré comme le maître de la Non-dualité.

Naissance et enfance de Shankara

L’histoire de la vie de Shankara est en partie basée sur la légende même si certains éléments historiques sont disponibles.

C’est au Kerala, état situé à l’extrême sud de l’Inde, que naquit Shankara, dans un petit village appelé Kâladi, au 8è siècle de notre ère.

Les parents de Shankara, Shivaguru et Aryamba, étaient brahmanes et menaient une vie de stricte orthodoxie. Pour obtenir la grâce d’une descendance, ils accomplirent de sévères austérités et entreprirent un pèlerinage. Shiva Lui-même, satisfait de leur dévotion, leur apparut mais leur imposa un choix : avoir un fils brillant, destiné à mourir jeune ou mettre au monde de nombreux enfants, peu intelligents mais assurés d’une longue vie. Ils optèrent pour la première alternative.

Ce choix présida aux destinées de Shankara, l’enfant prodige, qui, dès sa plus tendre enfance, fit preuve d’une remarquable intelligence : avant l’âge de cinq ans, il possédait déjà le sanskrit et avait lu les récits de la mythologie. Très jeune, il quitta ses parents pour suivre l’enseignement dans un « gurukula » (école védique), étudier les Veda et les principaux points de vue philosophiques traditionnels.

A l’âge de huit ans, il retourna dans la demeure familiale, auprès de sa mère, devenue veuve. La maison familiale où Shankara est né, selon la légende, existe toujours (photos ci-contre) : cette demeure typique de l’architecture traditionnelle du Kerala, abrite maintenant un centre de recherches indologiques, le CIF (Chinmaya International Foundation).

De plus en plus attiré par la voie ascétique, il obtint l’autorisation maternelle de devenir un « sannyâsîn » (renonçant), et partit alors à la recherche d’un maître.

Un rêve lui indiqua la présence à Omkarnath (Himalaya) d’un grand maître, Govinda Bhagavatpâda. Il s’y rendit et se prosterna devant l’ascète qui l’accepta comme disciple.

Pendant deux ans, Govinda lui enseigna la teneur des « Mahâvâkya », les grandes déclarations des Upanishad, et ensuite il le mena auprès de son propre maître, Gaudapada, avec qui Shankara vécut plusieurs années. Le jeune homme acquit auprès de ses maîtres une maîtrise totale des Ecritures et atteignit l’expérience ultime, l’union avec le Soi.

Puis son maître lui demanda de se rendre à Kashi (Bénarés), pour y rédiger un commentaire des grands textes de base du Vedânta que sont les Upanishad, les Brahma Sûtra et la Bhagavad Gîtâ.

Âdi Shankarâcârya
Âdi Shankarâcârya

Shankara à Bénarés (Kashi)

Bénarés (Kashi) était alors le centre de la pensée philosophique où se rencontraient les érudits de toutes les écoles, lieu de référence par lequel devait passer toute doctrine avant de pouvoir se répandre. Shankara s’y établit en compagnie de quelques disciples. Malgré son extrême jeunesse, il s’imposait à tous, sages et lettrés, car nul ne pouvait se mesurer à sa vaste érudition et à sa force d’argumentation.

La religion hindoue est en essence un monisme : selon la tradition védique ancienne, dont est issue l’actuelle forme de l’hindouisme, un Principe suprême unique, brahman, est la source et la réalité du monde que nous percevons, il est aussi l’essence de notre être. Mais l’homme généralement ne peut adorer une entité abstraite, et il projette des formes qui sourient à son coeur : la multiplicité des formes divines que l’on rencontre en Inde traduit la multiplicité des manières dont les hommes aiment, désirent, craignent, espèrent et vivent.

Cependant, l’homme oublie parfois la Réalité suprême qui donne vie et sens à ces noms et formes : sans ce sentiment d’unité, les rites perdent de leur signification, les adorateurs de telle ou telle divinité en viennent à s’opposer.

Telle était la situation à l’époque de Shankara, au 8è siècle de notre ère. La pratique de la culture védique était alors en voie de totale désintégration alors que l’influence du bouddhisme ne cessait de grandir.

Shankara entreprit de raviver la vision non dualiste, de secouer l’état d’ignorance, de bigoterie, de rivalités sectaires où s’enlisait la religion hindoue. Il affronta la situation avec la plus subtile des stratégies, attaquant le problème sur tous les fronts à la fois : intellectuel, émotionnel et physique.

Les débats philosophiques étaient fréquents à Bénarés, d’autant plus que les rivalités entre les différentes écoles de pensée étaient constantes et très vives.

Parmi ces écoles, celle du Pûrva Mimâmsâ occupait une place prépondérante. Interprétant le Veda dans un sens ritualiste, ses maîtres réfutant l’existence d’un Principe Divin suprême. Shankara voulut un jour rencontrer un de ces grands maîtres. Le débat dura six jours au bout desquels le « mîmâmsaka » (partisan du mimâmsâ) dut s’avouer vaincu devant l’implacable logique de l’argumentation déployée par Shankara. Suite à ces débats, la renommée de Shankara s’étendit, beaucoup voyant en lui un nouveau leader venu revitaliser l’hindouisme.

Pendant le reste de sa vie, Shankara voyagea dans toute l’Inde, visitant les grands temples, les lieux de pèlerinage, enseignant la voie de l’Advaita Vedânta (pensée non-dualiste). Son rayonnement spirituel attirèrent vers lui de grands disciples qui continuèrent son oeuvre.

La façon dont Shankara quitta ce monde est entourée de mystère. Selon la légende, il disparut un jour dans l’Himalaya.

Shankara avait une mission à laquelle il consacra sa vie : guider les hommes sur le chemin de la Connaissance. Pour cela, il fut à la fois écrivain, enseignant et réformateur religieux.

Shankara écrivain et commentateur des textes

Shankara écrivit des commentaires sur les dix principales Upanishad, sur les Brahma Sûtra et la Bhagavad Gîtâ, qui restent encore inégalés aujourd’hui. Avec une logique implacable, il y reprend un par un les arguments des écoles (en particulier bouddhistes) qui réfutaient l’existence de l’âtman (la Conscience pure, le Soi), et affirme que cette réalité suprême ne peut être connue que par l’expérience intuitive.

Dans ses écrits, Shankara non seulement délivre avec logique et profondeur la vision de la Non-dualité, mais il donne des instructions détaillées sur la discipline spirituelle. Il expose les pratiques permettant de préparer l’esprit à l’accomplissement spirituel – l’Eveil – qui n’est pas un résultat à obtenir, mais un état éternellement présent à révéler.

Dans son commentaire des Brahma Sûtra, il s’en prend aussi aux tenants du Mimâmsâ, qui n’accordaient d’importance qu’à la portion ritualiste des Veda, et considéraient les Upanishad comme secondaires. Selon eux, la libération spirituelle ne pouvait être atteinte que par l’accomplissement de cérémonies et de rituels.

Contestant leur thèse, Shankara développe les aspects fondamentaux du Vedânta avec sa logique parfaite et ses exemples concrets.

Il composa aussi des textes d’introduction (prakara grantha) où il explique avec une grande clarté et beaucoup de poésie la vision de l’Advaita : Tattva Bodha, Âtma Bodha, Vivekacûdâmani, Bhaja Govindam…

Sa prodigieuse connaissance des Écritures et son rayonnement spirituel attiraient autour de lui des auditoires toujours plus nombreux : aux dévots de Shiva, de Vishnu, de la Devî, aux érudits, aux prêtres, il parlait de l’Être Unique, révélé sous de multiples formes.
<h3>Shankara : une oeuvre de réformateur religieux</h3>
Après ces conquêtes intellectuelles, Shankara voulut entraîner les masses : cela ne pouvait se faire que par une approche dévotionnelle. En effet, les partisans des dieux Shiva, Vishnu, de la Devî (la déesse), se querellaient, défendant tous la suprématie de leur divinité. Il fallait les ramener au sein de la vision non dualiste, leur source commune et rétablir l’harmonie entre eux en leur montrant qu’une Vérité Unique sous-tendait toutes les formes divines.

Il composa plus de soixante hymnes dévotionnels (stotra) en l’honneur des différentes divinités, chants très mélodieux, aux paroles pleines d’élévation, chargées de ferveur dévotionnelle, qui, au-delà de la forme adorée, s’adressent au Brahman Suprême. Ces hymnes sont très populaires en Inde et ils sont chantés quotidiennement dans les temples et les foyers.

Shankara entreprit aussi une oeuvre de réformateur : l’hindouisme s’étant entaché de nombreuses hérésies, il les combattit avec vigueur et voulut rétablir le sens du rituel, qui doit être avant tout intérieur. Les offrandes ne sont que le symbole du sacrifice de l’âme. Il codifia également les cultes offerts aux différentes divinités, afin de leur apporter une certaine unité de sens.

Shankara entreprit aussi consolidation physique de ce renouveau en établissant des temples dédiés aux différentes divinités dans toute l’Inde. Il créa également des ordres ascétiques (les math) aux quatre coins de l’Inde : Jyotir Math à Badari au Nord, Dwaraka à l’ouest, Puri à l’est, Shringeri au sud. Ces monastères, où devait être enseignée la Tradition à travers l’étude des Veda, devaient être dirigés par une lignée de maîtres spirituels, dont les premiers furent quatre grands disciples de Shankara. Ils restent de nos jours de hauts lieux de la philosophie de Shankara et les garants de la plus pure tradition advaitine.

Enfin, Shankara définit aussi 10 catégories de leaders spirituels, qui firent allégeance aux math : ce sont leurs titres qui indiquent à quel math les sannyâsîns (moines) sont rattachés. Ainsi, les sannyâsîns rattachés au math de Shringeri portent le titre de “Sarasvati”: c’est le cas de tous les swamis de la Chinmaya Mission, puisque Swami Chinmayananda a reçu le sannyâsa de Swami Shivananda, qui était lui-même rattaché à Shringeri. Son nom titre et son titre sont donc : Swami Chinmayananda Sarasvati.

Âdi Shankarâcârya
Âdi Shankarâcârya

Citations de Shankara

C’est dans ce texte que se trouve la célèbre déclaration de Shankara :

brahma satyam jaganmithyâ jIvo brahmaiva nâparah
anena vedyam sacchâstram iti vedântadindimah-20

« Brahman est réel, l’univers est une apparence illusoire (mithya), l’individu (jîva) n’est pas different du Brahman. Ceci doit être compris comme la declaration scirupturale juste. C’est ce que proclame le Vedânta. »

Bhaja Govindam, verset 4

« La goutte d’eau vacillant sur le pétale de lotus a une existence extrêmement incertaine. La vie est aussi incertaine. Comprends à quel point ce monde est dévoré parla maladie et la vanité et entaché de souffrances. »

Vivekacudâmani

« Cette Réalité Unique, qui apparaît de façon variée du fait de l’illusion – bien qu’Elle-même soit toujours inchangée – et qui assume des noms et des formes, des attributs et des changements, comme l’or à travers toutes ses modifications – ce Brahman tu es. Médite cela en ton esprit. »

« Celui qui ressent une profonde dévotion pour les Ecritures (Shruti), qui est établi dans son Svadharma (devoir personnel) – car cela seulement peut contribuer à purifier le mental – et qui possède un mental pur, réalise le Soi suprême. Seule cette connaissance permet de détruire le samsâra (cycle des naissances et des morts), racine et branche. »

« La libération vient d’abord d’un extrême détachement à l’égard des objets limités, source de satisfaction sensuelle. Puis viennent ensuite le calme, la maîtrise de soi, la patience (l’endurance),et un complet renoncement aux actions égoïstes. »

« Ensuite, viennent “l’écoute” (de l’enseignement), la réflexion sur ce qui a été entendu et enfin, la contemplation longue, constante et continue sur la Vérité, pour l’adepte qui pratique cette méditation (muni). Finalement, cet être avisé atteint l’état suprême de “nirvikalpa” et réalise la béatitude du “nirvana” dans cette vie même. »

Vakya Vritti

« Je suis Cela, la Conscience unique, qui est le Soi illuminant les modifications de mon mental telles que : “mon mental est agité, mon mental est calme, etc.” Je suis Cela. »

« Je suis Cela, la Conscience unique qui est le Soi éternel qui est connu directement, qui illumine les trois états de veille, de rêve, et de sommeil profond, et qui illumine les apparitions et disparitions de l’intellect et ses fonctions. Je suis Cela. »

Atma bodha

« Comme des bulles dans l’eau, les mondes naissent, existent et se dissolvent dans le Soi, qui est la cause matérielle et le support de toute chose. » Commentaire des Brahma Sûtra (III, 4, 52)

« La délivrance n’est pas quelque chose à accomplir, mais quelque chose d’éternellement accompli, à quoi la Connaissance donne accès. » Commentaire de la Brihadâranyaka Upanishad (II, 1, 20)

«Dans les Upanishads, la notion d’un Brahman s’attelant aux tâches de création, de maintien, et de dissolution de l’univers est présentée dans le seul but de fortifier dans l’âme du disciple la conviction de son identité au Brahman, et non pas d’affirmer la réalité du processus cosmogonique.»

Citations extraites des commentaires de Swami Chinmayananda.

Source : « Shankara the missionnary », par Swami Chinmayananda – Editions CCMT (Central Chinmaya Mission Trust – Mumbai)