Carroll Quigley | Les Éditions Discovery | Discovery Publisher France
Carroll Quigley was an American historian and theorist of the evolution of civilizations. He is noted for his teaching work as a professor at Georgetown University, for his academic publications, and for his research on secret societies.
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Carroll Quigley

« Il sera évident pour vous que j’ai aimé mon travail, même si à la fin de ma carrière je n’ai aucune conviction d’avoir fait quoi que ce soit de bien. Heureusement, j’ai eu un père merveilleux et une mère merveilleuse qui nous ont enseigné qu’on n’avait pas besoin de gagner, mais qu’on devait donner tout ce qu’on a. À partir de là, ça n'est plus important… »
Professor Carroll Quigley

Quigley est né à Boston et alla à l’université d’Harvard, où il étudia l’histoire et où il obtint un baccalauréat ès lettres, une maitrise universitaire et un doctorat. Il enseigna à l’université de Princeton, puis à Harvard et à la School of Foreign Service à l’université de Georgetown de 1941 à 1976. De 1941 à 1972, il enseigna un cours sur deux semestres à Georgetown sur le développement des civilisations. Selon sa nécrologie dans The Washington Star, beaucoup d’élèves de la School of Foreign Service affirmèrent que c’était « le cours le plus influent de leurs études. »

En plus de son travail universitaire, Quigley servit en tant que consultant au département de la Défense des États-Unis, à l’U.S Navy, à la Smithsonian Institution et au House Select Committee on Astronautics and Space Exploration de la NASA dans les années 50. Il fut aussi critique littéraire pour The Washington Star et contributeur et membre du comité de rédaction de Current History. Quigley disait de lui qu’il était un conservateur qui défend les traditions libérales de l’Occident. Il était un critique précoce et farouche de la guerre du Viêt Nam et il était opposé aux activités du complexe militaro-industriel.

Quigley prit sa retraite de Georgetown en juin 1976 et mourut l’année suivante.

Après avoir enseigné à Princeton et à Harvard, Quigley est entré à l’université de Georgetown en 1941 et est devenu une ressource en ligne pour Washington. Il a donné des conférences à l’Industrial College of the Armed Forces, à la Brookings Institution, au Foreign Service Institute du Stare Department et a été consultant auprès du Smithsonian et du Senate Select Committee on Aeronautical and Space Sciences (Comité sénatorial spécial sur les sciences aéronautiques et spatiales).

Outre ses travaux universitaires, M. Quigley a été consultant auprès du ministère américain de la défense, de la marine américaine, de la Smithsonian Institution et du House Select Committee on Astronautics and Space Exploration (comité spécial de la Chambre des représentants sur l’astronautique et l’exploration spatiale) dans les années 1950. Il a également été critique de livres pour le Washington Star, ainsi que collaborateur et membre du comité de rédaction de Current History. Quigley disait de lui-même qu’il était un conservateur défendant la tradition libérale de l’Occident. Il a été un critique précoce et féroce de la guerre du Viêt Nam et s’est opposé aux activités du complexe militaro-industriel.

Professor Carroll Quigley
Professor Carroll Quigley

Il amena sa philosophie holiste à ses responsabilités et à ses enseignements : la croyance que la connaissance ne peut être divisée en plusieurs parties, que le monde ne peut être vu que comme un système complexe d’emboitement. Cette philosophie complémentait sa vie : il se réjouissait des traditions et des contrastes de son quartier, il évitait la célébrité en faveur du maintien de son développement émotionnel et social et il s’est appliqué à la science et à l’économie en plus de l’histoire. Sa passion qui consistait à considérer « la vue d’ensemble » ne s’est jamais refroidie.

Quigley n’avait pas un petit regret que certains des meilleurs esprits de sa génération insistait sur le fait de traiter le monde à la façon du XIXe siècle en jouant avec ses problèmes comme un mécanicien regarde un moteur : en étalant les pièces détachées par terre et en considérant chacune d’entre d’elles pour trouver la panne. « Cette façon réductrice de penser avait mené la civilisation occidentale à tout un tas de problèmes » affirmait Quigley.

À une époque caractérisée par la violence, l’aliénation personnelle extraordinaire et la désintégration de la famille, de l’église et de la communauté, Quigley choisit une vie dédiée à la rationalité. Il voulait trouver une explication qui dans sa propre catégorisation donnerait un sens à une histoire qui était une archive de changement constant. Par conséquent, l’analyse devait inclure mais ne pas se limiter aux catégories du domaine de l’activité humaine – militaire, politique, économique, social, religieux et intellectuel. Elle devait décrire des changements dans des catégories exprimées successivement dans le temps – le mélange, la gestation, l’expansion, les conflits, l’empire universel, la décomposition, et l’invasion. C’était un effort des plus ambitieux que de rendre l’histoire rationnellement compréhensible.

Professor Carroll Quigley
Professor Carroll Quigley

De ce fait, Carroll Quigley publia en 1961, « The Evolution of Civilizations ». Il était dérivé d’un cours qu’il donna sur l’histoire du monde à l’université de Georgetown. Un des plus proches amis de Quigley était Harry J. Hogan. Dans l’avant-propos de The Evolution of Civilizations il écrivit : The Evolution of Civilizations exprime deux dimensions de son auteur, Quigley, comme pour tout historien, philosophe et enseignant extraordinaire. Dans un premier temps, sa portée est variée et couvre toutes les activités de l’homme à travers le temps. Dans un second temps, le livre est analytique et pas seulement descriptif. Il tente une catégorisation des activités de l’homme d’une façon séquentielle pour fournir une explication causale des étages de la civilisation.

Quigley coupla une énorme capacité de travail avec une approche particulièrement « scientifique ».

Il croyait qu’il serait possible d’examiner les données et d’en tirer des conclusions. Quand il était petit à la Boston Latin School, ses intérêts étaient les mathématiques, la physique et la chimie. Et pourtant, pendant sa dernière année, il était aussi rédacteur en chef adjoint du Register, le plus vieux journal de lycée du pays. Ses articles furent retenus pour des prix nationaux par un comité national dirigé par George Gallup.

En 1966, Macmillan Company publia Tragedy and Hope, un travail d’une érudition exceptionnelle qui décrit l’histoire du monde entre 1985 et 1965 vue du point de vue de Quigley. Tragedy and Hope était un travail important, qui prit 20 ans à être écrit et qui s’ajouta à la réputation nationale déjà importante de Quigley en tant qu’historien.

Le livre reflétait son sentiment que « la civilisation occidentale est en train de couler ». C’était la tragédie. Quand le livre sortit en 1966, Carroll Quigley pensait que tout cela pouvait être sauvé ; c’était son espoir.

Pendant ses recherches, Quigley avait remarqué que beaucoup d’Anglais célèbres et d’universitaires britanniques exceptionnels étaient membres d’une société honoraire :

[…] Les pouvoirs du capitalisme financier avaient un autre but d’une grande portée, rien de moins que de créer un système mondial de contrôle financier dans les mains du secteur privé, capable de dominer le système politique de chaque pays et de chaque économie du monde comme un tout, ce système devait être contrôlé d’une façon féodale par les banques centrales du monde en agissant de concert avec des accords secrets signés dans des rencontres et des conférences privées. Le point culminant de ce système devait être la Banques des règlements internationaux située à Bâle en Suisse, une banque privée détenue et contrôlée par les banques centrales du monde qui sont elles-mêmes des entreprises privées…

Il ne doit pas être estimé que ces chefs des banques centrales principales du monde étaient eux-mêmes des pouvoirs considérables du monde de la finance. Ce n’était pas le cas. Ou plutôt, ils étaient les techniciens et les agents des banquiers d’investissements dominants de leurs propres pays, qui les avaient élevés et qui étaient parfaitement capables de les jeter. Les pouvoirs financiers substantiels du monde étaient entre les mains de ses banquiers d’investissement (aussi appelés banquiers « internationaux » ou « d’affaires ») qui sont restés très largement en arrière plan de leurs propres banques privées séparées.

Elles formaient un système de coopération internationale et de domination nationale qui était plus privée, plus puissante et plus secrète que celui de leurs agents dans les banques centrales ; cette domination des banquiers d’investissement était basée sur leur contrôle des flux de crédit et des fonds des banquiers d’investissement dans leurs propres pays et à travers le monde. Ils pouvaient dominer les systèmes financiers et industriels de leurs propres pays par leur influence sur le flux de fonds courants à travers des prêts à la banque, le taux réduit et le réescompte des dettes commerciales ; ils pouvaient dominer les gouvernements avec leur propre contrôle des prêts des gouvernements actuels et le jeu des échanges internationaux. Presque tout ce pouvoir était exercé par l’influence personnelle et le prestige d’hommes qui avaient démontré leur habilité du passé à réussir des coups financiers brillants, à garder un secret, à rester calme pendant une crise et à partager les opportunités de victoires avec leurs associés.

À ce moment là, Quigley n’avait aucun moyen de savoir qu’il s’était destiné lui-même à une étrange sorte de célébrité. Il était sur le point de devenir un héros réticent pour les Américains qui pense que le monde est contrôlé habillement par une clique de banquiers internationaux et leurs copains. Quigley apprit le grand appétit du pays pour la croyance en une grande conspiration qui est la cause de tout : des grandes guerres comme du mauvais temps.

Tragedy and Hope n’est pas que de la matière de conspiration juteuse. La plus grande partie est de l’histoire diplomatique, politique et économique. Le livre en entier est brillant. Ses idées sur des sujets autrement si ignorés (et donc crucialement important) comme l’histoire militaire japonaise et sa relation aux dynasties familiales sont fascinantes. Mais il n’acquit pas sa notoriété ou ses ventes à cause de ces idées non-conspiratrices.

Carroll Quigley, The Anglo-American Establishment
Professor Carroll Quigley

Quigley ne revendiqua jamais qu’il était un théoricien de la conspiration ; au contraire :

Vous ne pouvez pas croire ce que les gens pensent. Certains pensent que tout cela est une conspiration juive, qui fait partie des Protocoles des Sages de Sion, qui, nous le savons maintenant, était perpétué par les forces de police de la Russie Tsariste en 1904. Et que cette conspiration est la même chose que les Illuminati, une société secrète fondée en 1776 en Bavière. Et que les Illuminati sont une branche des Franc-maçon. Il y a des gens qui pensent que la Société des Cincinnati, dont George Washington était membre pendant la Guerre d’indépendance des États-Unis, était une branche des Illuminati et que c’est pour cela que les Franc-maçon ont construit leur monument à Alexandria pour George Washington, puisqu’il était Franc-maçon et à la tête des Illuminati avant qu’il n’aide à fonder la Société des Cincinnati.

Je pense en général que toute théorie de la conspiration de l’histoire sont des bêtises pour la simple raison que la plupart des conspirations que nous connaissons semblent être des conspirations de perdants, des gens qui ont été battus sur les plateformes historiques des événements publics. Maintenant, il n’y a pas le moindre doute que les banquiers internationaux ont essayé de transformer la banque en mystère. Mais nous faisons face à deux choses différentes. Je ne pense pas que ça soit une conspiration ; juste parce que quelque chose est secrète, ça ne veut pas dire qu’il s’agit d’une conspiration.

En substance, le message de Tragedy and Hope est que le dernier siècle était une tragédie qui aurait pu être évitée. Quigley pensait que la tragédie aurait pu ne pas se produire à moins d’avoir été attentif aux avertissements du professeur. En d’autres mots, à moins d’avoir étudié attentivement son livre et avoir appris l’histoire jamais racontée du vingtième siècle et éviter de permettre à ces mêmes personnes, leurs héritiers et associés – les chefs de quelques systèmes financiers, d’entreprises et gouvernementaux dans le monde – de ruiner le vingt-et-unième siècle, son travail et le travail de beaucoup d’autres aura été en vain.

Tragedy and Hope reçut des critiques mixtes, même si généralement favorables.

D’après le Library Journal : « M. Quigley … a écrit un livre très remarquable : très long, très détaillé, très critique, très audacieux et très bien … Sa couverture du monde est étonnement encyclopédique et bien équilibrée. »

Le Saturday Review était moins flatteur : « Pour ceux qui approuvent cette façon de raconter l’histoire, son volume décousu peut avoir une certaine excellence. »

The New York Times : « Le livre fournit une narration méthodique dans lequel une quantité incroyable d’information est compressée – et dans certains cas présentée – avec drame et distinction. »

Après avoir vendu 8 800 copies et pour des raisons non claires pour Quigley (mais il ne l’attribua à aucune conspiration), Macmillan arrêta de publier Tragedy and Hope et détruisit par la suite les planches :

L’édition originale publiée par Macmillan en 1966 s’est vendue à environ 8 800 copies et les ventes montaient en 1968 quand ils sont arrivés « à court de stocks » d’après ce qu’ils m’ont dit. Mais en 1974, quand je les ai poursuivis avec un avocat, ils m’ont dit qu’ils avaient détruit les planches en 1968. Ils m’ont menti pendant six ans, en me disant qu’ils allaient réimprimer lorsqu’ils recevraient 2 000 commandes, ce qu’il ne se passera jamais car ils racontaient à tous ceux qui demandaient qu’ils n’avaient plus de stock et qu’ils ne comptaient pas réimprimer de volume. Ils ont nié cela jusqu’à ce que je leur envoie des copies Xerox de leurs réponses aux libraires, ce à quoi ils m’ont répondu que c’était une erreur de secrétaire. En d’autres mots, ils m’ont menti mais m’ont empêché de récupérer les droits de publication en faisant cela (quand ce n’est plus publié, les droits reviennent à celui qui détient les droits d’auteur, mais quand c’est en rupture de stock ce n’est pas le cas.) Des influences puissantes dans ce pays veulent me voir, ou au moins mon travail, supprimé.

[…] Macmillan ne m’a jamais contacté pour récupérer les planches. J’ai appris en mars de cette année [1971] qu’ils avaient détruit les planches de Tragedy and Hope. J’ai appris pendant l’été 1971 que ma femme s’est énervée et a appelé Macmillan, toutes les semaines, pendant que j’étais en Angleterre et finalement j’ai reçu une lettre d’eux disant que les planches avaient été détruites. Ils ont dit « détruites par inadvertance ».

Là, c’est drôle. Ils m’ont menti et menti et menti et menti. Sur tout. Et j’ai des lettres qui le prouvent.

Tragedy and Hope ne fut jamais republié.

Carroll Quigley, Tragedy and Hope
Professor Carroll Quigley

Au cours des 12 dernières années de sa vie, de 1965 à 1977, Quigley enseigna, observa la scène américaine et réfléchit sur ses valeurs élémentaires dans la vie. Il était à la fois pessimiste et radicalement optimiste. L’enseignement était le noyau de sa vie professionnelle et ni son envie irrésistible d’écrire ni son découragement envers les réactions d’étudiants du début des années soixante-dix ne diminuèrent son engagement à la salle de classe :

Pendant des années, j’ai raconté à mes étudiants que j’ai essayé de former des cadres plutôt que des employés de bureau. La distinction entre les deux est parallèle à la distinction faite précédemment entre la compréhension et la connaissance. C’est un cadre faible qui ne peut pas engager plusieurs personnes avec une maîtrise de plus de connaissance que lui. Il peut toujours acheter des ouvrages de référence ou des appareils électroniques avec de meilleurs mémoires pour les faits que chaque subordonné. La qualité principale d’un cadre est qu’il a la compréhension. Il devrait être capable de prendre des décisions qui permettent d’utiliser la connaissance d’autres personnes. Cette compétence de cadre peut être enseignée, mais elle ne peut pas être enseignée par un programme éducatif qui met l’accent sur la connaissance et seulement la connaissance. La connaissance doit être supposée comme donné et si ce n’est pas suffisant le candidat doit être éliminé. Mais la chose vitale est la compréhension. Elle requiert une possession de techniques qui heureusement peuvent être enseignées.

[…] Je suis sûr que vous allez adorer enseigner de plus en plus, comme c’est le cas pour moi. C’est la seule façon de faire un peu de bien dans le monde. La tâche est si importante, le défi si grand et les possibilités pour l’amélioration et pour les variations si infinies que c’est l’activité humaine la plus exigeante et la plus difficile. Même un violoniste virtuose peut être fait sur mesure plus facilement qu’un bon professeur.

[…] Il sera évident pour vous que j’ai aimé mon travail, même si à la fin de ma carrière je n’ai aucune conviction d’avoir fait quoi que ce soit de bien. Heureusement, j’ai eu un père merveilleux et une mère merveilleuse et on nous a enseigné qu’on n’a pas besoin de gagner, mais qu’on doit donner tout ce qu’on a. À ce moment là, ça ne sera pas important.

Contrairement à sa foi sous-jacente envers l’efficacité de l’enseignement, Carroll Quigley ne trouva qu’une petite base pour l’optimisme envers le futur de la société américaine. Un journal lui demanda en 1975 d’écrire un article optimiste sur les perspectives du pays :

J’ai dit à l’éditeur que cela serait difficile, mais que j’allais essayer. Je l’ai écrit et ils ont refusé de le publier parce que ce n’était pas assez optimiste…

En 1976, Quigley écrivit en félicitant le mari de Carmen Brissette-Grayson pour sa décision de renoncer à quitter la politique de l’état pour aller dans l’arène fédérale. Quigley conclut :

C’est inutile, car c’est corrompu et les gens honnêtes sont tellement incompétents. Je ne devrais pas dire cela, ce que mes étudiants m’ont dit pendant des années et que j’ai réfuté.

C’était plus que l’institutionnalisation du système politique américain qui l’inquiétait :

Nous vivons dans une époque dangereuse dans laquelle des hommes insatiablement avide sont prêts à sacrifier la santé et la tranquillité de n’importe qui pour satisfaire leur propre avidité insatiable pour l’argent et le pouvoir.

Il craignait que ces valeurs aient détruit virtuellement les racines des perspectives occidentales et aient fait de la création d’une vie satisfaisante dans l’Amérique contemporaine un projet dangereux :

Je suis atterré par ce que l’égoïsme et la pulsion pour le pouvoir ont fait à notre société…Je m’inquiète en trouvant le monde de plus en plus horrible que je ne vois pas comment quelque chose d’aussi merveilleux que votre vie peut s’échapper.

Moins de six mois avant le décès de Quigley, il conseillait :

La meilleure chose que vous pouvez faire, c’est garder quelques enclaves de vie plaisante et  décente.

Professor Carroll Quigley
Professor Carroll Quigley

Une grande partie de la joie de l’enseignement quitta Carroll Quigley dans ses dernières années. Il se plaignait amèrement que ses étudiants des années 1970 étaient tristement sous-éduqués et mal préparés pour le travail de niveau universitaire et que beaucoup trop d’entre eux avaient leurs esprits ailleurs, fixés sur le fait de provoquer une révolution sociale plutôt que sur le fait de réussir une éducation.

Helen Veit, la personne la plus proche de Quigley pendant les dix dernières années de sa vie, écrivit en réponse à un étudiant qui s’était vivement opposé aux « critères difficiles de notation »  de Quigley :

[…] Il était peut-être impatient mais il n’était pas arrogant. Son attitude emphatique dérivée de son expérience de l’enseignement de classes nombreuses et le besoin d’attirer et de retenir leur attention. Mais il ne pensa jamais qu’il avait les « réponses » ; ce qu’il enseignait, c’était des méthodes pour aborder les problèmes. Il soulignait souvent que nous ne savions que peu des choses importantes de la vie et plus particulièrement des relations humaines. Ce qu’il cherchait avant tout, c’était d’aider les gens à devenir mature en développant son potentiel et en comprenant que les choses matérielles, bien que nécessaires, devraient êtres des fins en elles-mêmes, tandis que ce qui est important est de chercher la vérité en coopération avec les autres, avec la connaissance que personne ne la trouvera.

Il n’était pas non plus cynique, tout comme il déplorait l’inefficacité et l’ignorance. Ses croyances et ses principes étaient de premier ordre ; sa plus grande joie était de trouver des gens qui pouvaient avoir les mêmes critères que lui et de qui il pouvait apprendre.

L’impatience de Quigley venait de sa connaissance profonde qu’un homme qui veut beaucoup faire n’a jamais assez de temps. C’était un homme pressé – les événements ont prouvé qu’il avait raison.

Pourtant, son pessimiste à propos de la société américaine n’affaiblit pas son optimisme radical enraciné dans ses valeurs essentielles : la nature, les personnes et Dieu :

Le besoin des autres est présent à tous les niveaux ; le physique, l’émotionnel et l’intellectuel. En effet, chaque relation à en elle ces trois aspects. Le désir d’aider les autres à expérimenter ces choses et de grandir grâce au résultat de telles expériences est appelé l’amour. Cet amour est la vraie force motivante de l’univers et est, dans sa nature ultime une manifestation de l’amour de Dieu. Parce que pendant que Dieu est la Raison pure et que le but ultime de l’homme est la Raison, elle ne peut pas être atteinte directement et doit toujours être approchée pas à pas, non pas seul mais en compagnie des autres, et par conséquent par l’amour. Ainsi, l’amour des autres, en fin de compte l’amour de Dieu, sont les étapes par lesquelles l’homme développe la raison et approche lentement la Raison pure.

Professor Carroll Quigley