30 Jan Contes et légendes de l’Inde
La collection Contes et légendes de l’Inde s’est donné pour but d’entrouvrir une porte qui permette au lecteur français de pénétrer dans l’univers fascinant, mais infiniment complexe, de la sensibilité indienne. L’esprit moderne est parfois déconcerté dans les histoires hindoues par la superposition de mondes différents et les manquements à la règle de vraisemblance si chère à nos classiques. Ces caractéristiques ne sont pas le fruit d’un esthétisme gratuit, elles sont les marques d’une mentalité qui tente toujours de décrire la vie terrestre non pas dans ce qu’elle montre, mais dans ce qu’elle cache, et qui voit l’action humaine comme constamment entourée et influencée par «d’autres forces», que nous pourrions qualifier de cosmiques. Pour l’esprit grec la lumière du soleil est l’objet de ses délices, pour l’esprit hindou c’est un voile doré qui lui cache des merveilles ardemment désirées. Nous ne prétendons pas faire ici œuvre d’érudits ou d’indianistes, mais seulement de suggérer, à travers certaines histoires présentées dans une langue aussi simple que possible, cette clé indispensable à une compréhension du génie indien.
La légende de la descente du Gange : la légende de la descente du Gange est tirée du Ramayana de Valmiki, auteur de l’épopée originalement écrite en sanscrit. Elle conte la merveilleuse histoire de Ganga, la fille du Roi des Neiges, descendue parmi nous pour purifier la Terre. La légende est illustrée avec des photos du fameux bas-relief de Mahabalipuram et augmentée avec des notes sur le poète Valmiki. Dans ce récit poignant, le symbolisme du mythe ancien est plus important aujourd’hui que jamais.
Shakuntala ou l’anneau du souvenir : l’histoire de Shakuntala telle que la raconte Kalidasa, le grand poète indien du Ier siècle avant notre ère, est l’histoire d’une transformation. À travers des épreuves douloureuses, deux personnages grandissent. L’amour, né au paradis de l’enfance et de l’innocence, ces deux personnages le retrouveront transmué, élargi magnifiquement, dans un autre paradis que l’on pourrait qualifier de divin. À cet égard, il faut noter le parallèle entre les deux «voyages» du roi car, de même qu’il y a dans l’histoire deux chariots, celui du royaume terrestre et celui du royaume divin, il y a deux «passages» bien distincts: le premier, à travers la forêt, fait pénétrer le roi dans un monde de pureté merveilleuse; le second, à travers le ciel, l’amène dans un univers de lumière. De l’union des deux naîtra Bharat, le «Soutien» du monde, le roi qui a donné son nom à l’Inde, c’est-à-dire Bhârat. Tout amoureux de l’Inde, pensons-nous, aimera l’idée que cette histoire de Shakuntala, imprégnée d’une beauté et d’une lumière magique, est à l’origine du nom de ce pays. Pour introduire en quelques mots l’œuvre de Kalidasa, qu’il nous suffise de reproduire ici ce que Sri Aurobindo écrivait à propos du génie créateur du poète: «Les délices de l’œil, les plaisirs de l’oreille, de l’odorat, du palais, du toucher, la jouissance de l’imagination et du goût sont la texture de sa création poétique, et avec cela il a produit des merveilles d’émotion et d’idéalité intellectuelle ou esthétique.Ses œuvres ont pour toile de fond un paradis universel de belles choses. Tout y obéit à une loi de grâce terrestre.La moralité devient esthétique.L’intellect est imprégné du sens de la beauté et se laisse gouverner par celui-ci. Et pourtant cette poésie ne nage pas dans la langueur.Ce n’est pas–comme la poésie des sens a tendance à l’être–une œuvre sirupeuse que la débauche alourdit, avec un excès de mèches bouclées et de battements de paupières.Kalidasa échappe à cela par la chasteté de son style, l’énergie et la précision de sa phrase et sa vigilance artistique toujours en éveil.»
Hanuman ou le chemin du vent : qui ne rêve de sauter par-dessus les obstacles? Qui, lassé de boxer indéfiniment contre une réalité récalcitrante, ne voudrait en finir avec cette lutte où l’on se retrouve toujours groggy, s’élancer au-dessus et dans un bond puissant se retrouver de l’autre côté? Loin des routes épuisantes où l’on se casse le dos, un chemin léger, le chemin du vent. Selon la mythologie hindoue, c’est Hanuman qui peut nous mettre sur ce chemin. Car pour voler sur le chemin du vent, il faut être le vent, et Hanuman est le prince de l’air, «Vayuputra» ou fils de Vayu, Dieu du Vent. Et qu’est le vent si ce n’est ce qui se joue des obstacles, contourne la résistance, trouve l’ouverture et s’y engouffre, caresse ce qui doit être plié, frappe ce qui doit être brisé, n’a aucune forme et peut prendre n’importe quelle forme, toujours parfaitement ajusté à l’espace qui l’entoure, perpétuellement à la mesure exacte de l’adversaire ?
Parvati ou l’amour extrême : on a dit qu’il est dans le tempérament indien de mener chaque recherche jusqu’à son point le plus extrême et d’explorer ses possibilités ultimes. S’il est une œuvre qui est un témoignage éclatant de la vérité de cette observation, c’est bien le Kumarasambhava de Kalidasa. Nous trouvons là côte à côte l’extrême de la renonciation et l’extrême de l’abandon au plaisir. Seul le génie indien avec son goût inné pour «la poursuite des extrêmes les plus opposés» pouvait avoir produit un tel chef-d’œuvre. Kumara-sambhava: La Naissance de Kumara, tel est le titre du poème de Kalidasa, le célèbre écrivain d’expression sanskrite. Le sujet en est le mariage de Shiva et Parvati, mariage voulu et arrangé par les dieux car de leur union naîtra un fils, dieu guerrier, qui fera triompher les forces de lumière.
Nala et Damayanti ou l’art de la victoire : ce conte dont l’origine se perd dans la nuit des temps et que nous trouvons inséré dans la grande épopée du poète Vyasa nous dit comment l’héroïsme guidé par la sagesse permet à deux êtres écrasés sous le poids de circonstances contraires d’émerger victorieux d’une épreuve terrible. Cette histoire qui commence et finit comme un conte de fées est tout sauf un récit éloigné de la « vraie vie ». Au contraire, il nous est présenté par le poète lui-même comme une histoire contenant quelques-unes des vérités les plus profondes et les plus utiles de la vie. Oui, c’est un conte ravissant dans lequel peines et joies sont retracées de façon délicate, un conte traversé d’une grande tendresse et d’une immense compassion pour la fragilité de l’être humain et pour ses souffrances. Mais c’est aussi une parabole dont les symboles puissants nous font voir que les circonstances de la vie ne sont rien, que la conscience est tout…
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