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Carroll Quigley

Tragédie et Espoir

Collection

Tragédie et Espoir

En 1965, un des professeurs les plus éminents du pays acheva dans la plus grande discrétion la dernière version d’un livre de 1311 pages consacré à l’Histoire du monde. Il marcha jusqu’à sa machine à écrire et finalisa les dernières pages de l’ouvrage, les plaça dans une petite boîte qu’il enveloppa afin de l’envoyer. Il alla ensuite au bureau de poste et envoya la version finale à sa maison d’édition basée à New York. L’éditeur semblait quelque peu dépassé, et même peut-être gêné par l’écrit universitaire. La dernière chose qu’il voulait était de lire ce colossal récit. Il connaissait le professeur et lui faisait confiance.

Après tout, il faisait partie des chercheurs les plus érudits du monde occidental. Ils se connaissaient depuis plusieurs années. Il avait déjà signé un accord pour publier le livre avant qu’il ne soit terminé. Il avait lu plusieurs chapitres de la première version. Ils étaient ennuyeux, du moins pour lui. Il décida de confier le livre à un jeune éditeur qui venait tout juste d’être promu comme son assistant. Le jeune éditeur était aussi dépassé, mais ravi de rendre service au rédacteur en chef. Il n’avait pas conscience de l’importance de cet ouvrage et des révélations qu’il contenait. Pour lui, il s’agissait seulement d’un autre manuel d’histoire, c’est du moins ce qu’il pensait.

D’une façon ou d’une autre, l’un des livres les plus révélateurs jamais publiés échappa aux bureaux de rédaction d’une des plus importantes maisons d’édition de New York, et se retrouva dans les librairies en 1966.

Cinq ans plus tard, alors que j’errais dans les allées d’une librairie d’occasion, je tombai par hasard sur cet énorme ouvrage. Je le pris, soufflai dessus pour en enlever la poussière et l’ouvris à une page où l’auteur avait écrit :

« […] Le pouvoir du capitalisme financier avait un autre objectif profond, qui n’était autre que la création d’un système mondial de contrôle financier dirigé par le secteur privé, qui serait capable de dominer le système politique de chaque pays, ainsi que l’économie du monde entier. Ce système devait être contrôlé de manière féodale par les banques centrales du monde, agissant de concert au moyen d’accords secrets conclus lors de réunions et conférences privées fréquentes. Son sommet devait être représenté par la Banque des règlements internationaux située à Bâle en Suisse, une banque privée détenue et contrôlée par les banques centrales du monde entier, qui étaient elles-mêmes des sociétés privées…

« On ne pouvait pas estimer que les dirigeants de ces principales banques centrales internationales avaient eux-mêmes un pouvoir considérable dans le monde de la finance. Ce n’était pas le cas. Ils agissaient plutôt en qualité de techniciens et d’agents des principales banques d’investissements de leur pays, qui les avaient formés et qui pouvaient tout aussi bien les démanteler. Ces réelles puissances financières mondiales étaient entre les mains de ces banques d’investissements (aussi appelées banques « internationales » ou « d’affaires ») qui restaient majoritairement dans l’ombre se cachant derrière leur statut de banques privées non constituées en société. Ces structures formaient un système de coopération internationale et de domination nationale encore plus privé, plus puissant, et plus secret que celui de leurs agents des banques centrales. Cette domination des banques d’investissements était fondée sur leur contrôle des flux de crédit et des fonds de placement exercé dans leur pays et à l’international. Elles étaient en mesure de gérer les systèmes financiers et industriels à échelle nationale grâce à leur influence sur le flux des fonds disponibles, par l’intermédiaire de prêts bancaires, de tarifs préférentiels, et de la réactualisation des dettes commerciales. Elles pouvaient dominer les gouvernements grâce à leur propre contrôle des prêts de l’État disponibles et à la mise en œuvre d’échanges internationaux. Presque l’intégralité de cette puissance provenait de l’influence personnelle et du prestige d’hommes qui avaient démontrés par le passé leurs capacités à remporter de brillants résultats financiers, à tenir leur parole, à garder leur calme en période de crise, ainsi qu’à partager avec leurs associés les opportunités qu’ils avaient. »

J’avais peine à croire ce que j’étais en train de lire. Je m’assis dans la librairie et lus jusqu’à la fermeture. J’achetai ensuite le livre, rentrai à la maison et poursuivis la lecture presque jusqu’au lever du jour. Durant les vingt-cinq années qui suivirent, je voyageai à travers les États-Unis, l’Europe et le Moyen Orient, suivant une à une les pistes du professeur, afin de savoir si les incroyables mots de ce dernier étaient vrais. En tant que rédacteur pour une revue savante sur les affaires internationales, directeur au centre d’études Center for Global Studies, et conseiller en politique étrangère pour un important sénateur américain à Washington, D.C., je réalisai plus de 1000 interviews auprès de leaders influents mondiaux, de fonctionnaires d’État, de généraux, d’agents de renseignement, de savants et d’hommes d’affaires, notamment des PDG d’entreprises, d’éminents banquiers internationaux et des banquiers d’investissements. J’étudiai plus de 25.000 ouvrages et plus de 50.000 documents. Je découvris par moi-même que le professeur disait la vérité.

Il existe vraiment un « système mondial de contrôle financier dirigé par le secteur privé » qui est « capable de dominer le système politique de chaque pays, ainsi que l’économie du monde entier. » Je l’appelle la World Trade Federation (Fédération du commerce international). Il s’agit d’un groupe ultrasecret réunissant les hommes les plus puissants de la planète. Ces derniers contrôlent actuellement l’ensemble des grandes institutions internationales, des grandes entreprises transnationales et multinationales privées comme publiques, des grandes institutions bancaires nationales et internationales, des banques centrales, des États-nations dans le monde, ainsi que les ressources naturelles présentes sur chaque continent et les populations à travers le monde, par l’intermédiaire d’un système de réseaux emboîtés que l’on pourrait comparer à de géantes toiles d’araignée. Ce groupe comprend les principales dynasties du Canada, des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne, de la France, de l’Italie, du Japon, de la Russie et de la Chine. Ayant pour caractéristique de s’auto perpétuer, il a développé un système de contrôle complexe lui permettant de manipuler les chefs de gouvernements, les consommateurs et les populations du monde entier. Il est sur le point de mettre en place un empire à échelle mondiale qui rivalisera avec l’ancien Empire romain. Cependant, ce nouvel empire règnera sur le monde entier depuis son siège mondial ultrasecret situé en Allemagne, et pas uniquement sur une grande partie de ce dernier, comme Rome a pu le faire il y a longtemps. Il est responsable de la mort et de la souffrance de plus de 180 millions d’hommes, de femmes et d’enfants, et était à l’origine de la Première et de la Seconde guerre mondiale, de la guerre de Corée, de celle du Vietnam, etc. Il a provoqué des périodes d’inflation et de déflation dans le but de saisir et consolider la richesse du monde. Il était responsable de l’esclavage de plus de deux milliards de personnes dans les régions communistes – Russie, Chine, Europe de l’Est, etc., dans la mesure où il était à l’origine de la naissance du communisme dans ces zones. Il établit et maintint ces systèmes néfastes totalitaires à des fins privées. Il amena Hitler, Mussolini, Staline et Roosevelt au pouvoir et guida leurs gouvernements dans l’ombre jusqu’à atteindre un état de déprédation sans précédent dans l’Histoire du monde. Comparé à leurs accomplissements, Attila le Hun passe pour un enfant de chœur. Six millions de juifs furent torturés et tués afin de leur saisir des actifs, de l’or, de l’argent, de la monnaie, des diamants et des œuvres d’art de la Tribu de Juda – un groupe spécial de personnes – d’une valeur de plusieurs milliards de dollars. Les personnes d’Europe orientale subirent le même sort alors que les armées d’Hitler envahissaient ces pays, assassinaient, réduisaient à l’esclavage, volaient et pillaient l’unique peuple qui résidait dans cette région. Au cours des deux derniers siècles et demi, la richesse et le pouvoir étaient contrôlés par de moins en moins d’hommes et de femmes. Cette richesse sert maintenant à construire et maintenir l’empire mondial dont le développement est sur le point d’aboutir. À l’heure actuelle, l’empire mondial est à la fois visible et invisible.

Les principaux fondateurs de ce nouvel empire mondial envisagent une « Troisième guerre mondiale » en vue d’éliminer tous les vestiges de liberté politique, économique et religieuse de la surface de la Terre. Ils auront ainsi un contrôle total de la planète, et de ses ressources naturelles. La population sera entièrement réduite à l’esclavage comme aux temps de l’ancien Empire romain.

Alors que les éléments mentionnés ci-dessus peuvent paraître fictifs, je peux vous assurer qu’ils sont véridiques. J’aurais préféré qu’ils ne le soient pas, mais malheureusement, ils sont bien réels.

Le discours tenu ci-dessus est assez direct, peut-être plus que ce que le professeur aurait souhaité, mais nous savons tous les deux que ce que je viens de dire est vrai. Cependant, la plupart des gens ne souhaitent pas ouvrir les yeux sur l’existence d’un tel groupe d’hommes machiavélique, réparti de manière stratégique à travers le monde. Ils préfèrent croire que tout va bien et que nous nous dirigeons vers une paix et une interdépendance mondiales, ainsi qu’une prospérité économique.

Ce n’est qu’illusion.

Le professeur décrit en détail le réseau auquel j’ai fait référence, de manière un peu trop approfondie pour la plupart des gens. C’est pourquoi je suis très étonné qu’il ait été publié. L’histoire fictive de la publication de son ouvrage telle qu’elle a été racontée plus haut ne doit pas être si loin de la réalité.

Le contenu de ce livre surprendra probablement la majorité des lecteurs, qui ne croira sans doute pas les dires du professeur. Ce serait une grave erreur. Pourquoi ? Car beaucoup des tragédies à venir pourraient être évitées moyennant des mesures appropriées.

Si tous nos efforts ne permettaient de sauver rien qu’une seule vie, n’en vaudraient-ils pas la peine ? Et si nous pouvions en sauver 100 ? Ou bien 1000 ? Que pensez-vous de 10.000 vies sauvées ? Ou encore 1.000.000 ? Et si nous pouvions libérer les milliards d’habitants du Tibet, de la Chine, de la Russie ou des autres régions communistes, et assurer la survie des peuples de Taiwan et d’Israël ? Tous nos efforts n’en vaudraient-ils pas la peine ? Je pense que si. Les tragédies que vivent actuellement la Russie, la Chine, l’Asie, l’Europe orientale, l’Afrique, l’Europe occidentale ou le Moyen-Orient pourraient être évitées.

L’apathie et l’indifférence des Occidentaux face à la souffrance, la torture, la misère, l’esclavage et la mort de millions de gens à travers le monde dans les années à venir représentent peut-être l’un des plus grands drames que pourrait connaître le XXIe siècle.


Le message que fait passer ce volume est que le siècle dernier était une tragédie qui aurait pu être évitée. L’auteur soutient que les guerres et les dépressions sont provoquées par l’homme. Nous espérons pouvoir éviter de semblables tragédies dans le futur, qui n’auront pas lieu si nous ne négligeons pas les mises en garde du professeur. Si nous n’analysons pas soigneusement cet ouvrage, si nous n’apprenons pas l’Histoire secrète du vingtième siècle et si nous ne faisons rien pour éviter que ces mêmes personnes, ainsi que leurs successeurs et leurs associés – les dirigeants de nombreux systèmes financiers, sociaux et gouvernementaux dans le monde – [anéantissent] le XXIe siècle, alors son travail ainsi que celui de beaucoup d’autres aura été en vain.

Le professeur en question s’appelait Carroll Quigley et le livre qu’il écrivit fut intitulé, Tragédie et Espoir : l’histoire contemporaine de notre monde. Il fut publié en 1966 et est sans aucun doute l’un des ouvrages les plus importants jamais écrits. Le professeur Quigley était un historien et un analyste géopolitique extraordinairement doué. Les conseils et informations contenus dans cette vaste étude permettent de comprendre réellement l’Histoire du monde du dix-neuvième et du vingtième siècle. En effet, si le savant, l’étudiant, l’homme ou la femme d’affaires, le fonctionnaire d’État ou le lecteur moyen n’a pas minutieusement étudié Tragédie et Espoir, il ne peut d’aucune façon comprendre l’Histoire de ces deux siècles. Il s’agit du fruit d’un travail d’érudition remarquable qui a réellement sa place parmi les classiques. L’auteur aurait dû recevoir un Prix Nobel pour son travail.

En 1961, Quigley publia L’Évolution des civilisations, un ouvrage issu d’un cours sur l’Histoire du monde qu’il enseignait à l’université de Georgetown. Un de ses plus proches amis, Harry J. Hogan, écrivit dans l’avant-propos de l’ouvrage :

« L’Évolution des civilisations met en évidence deux aspects de son auteur, Quigley, comme la plupart des historiens, philosophes et professeurs exceptionnels. Il adopte dans un premier temps une vision large, recouvrant l’ensemble des activités humaines à travers le temps. Puis, il analyse et ne se contente pas de décrire. Il tente de classer ces activités humaines par catégories de manière séquentielle afin de fournir une explication causale des différentes étapes de la civilisation.

« Quigley associait une capacité de travail des plus importantes avec une approche particulièrement « scientifique. »

Il croyait en la capacité à examiner les données et à en tirer des conclusions. Lorsqu’il était élève à la Boston Latin School (école de latin de Boston), il éprouvait un intérêt pour les mathématiques, la physique et la chimie. Pourtant, lors de sa dernière année, il occupait aussi le poste de rédacteur adjoint pour le Register, le plus ancien journal de lycée du pays. Ses articles furent sélectionnés par un comité national, présidé par George Gallup, afin d’être représentés lors d’une cérémonie de remise de prix de même envergure.

« À Harvard, la biochimie devait être sa matière principale. Mais cette université, qui croyait alors en une éducation complète, qu’elle favorise de nouveau aujourd’hui, exigeait un cursus de base comprenant un cours de lettres. Quigley décida de suivre un cours d’Histoire, « l’Europe depuis la chute de Rome. » Comme il était de nature à faire l’inverse de ce qu’on attendait de lui, il était arrivé parmi les premiers de sa classe de physique et d’algèbre, et obtint un C en Histoire. Mais il développa des idées pour lesquelles il commença à éprouver une certaine fascination. Il décida donc de choisir l’Histoire comme matière principale. Il fut diplômé avec les honneurs comme étant le meilleur étudiant de sa classe.

« Quigley était de nature impatiente. Il soutint sa thèse doctorale à la fin de sa deuxième année d’études supérieures. Charles Howard McIlwain, président du jury, était très impressionné par la réponse que Quigley avait apportée à sa première question, dans laquelle il avait inclus une longue citation en latin de Robert Grossetête, évêque de Lincoln du treizième siècle. Le professeur McIlwain envoya Quigley à l’université de Princeton en tant qu’élève instructeur diplômé.

« Au printemps 1937, j’étais étudiant en dernière année à Princeton. Quigley était mon précepteur en Histoire médiévale. Il était irlandais originaire de Boston ; j’étais irlandais originaire de New York. Tous les deux catholiques, aventuriers dans un monde étrangement établi sur les bases du protestantisme, nous étions fascinés par la tradition intellectuelle occidentale fondée sur les idées de saint Augustin, d’Abélard et de Thomas d’Aquin qui paraissait bien plus riche et profonde que le libéralisme contemporain. Nous sommes devenus très proches et étions liés d’une grande amitié qui a seulement pris fin suite à son décès.

« À relire L’Évolution des civilisations, je me rappelais l’intensité de nos conversations. Du point de vue de Quigley, que je partageais, notre époque était quelque peu irrationnelle. Ce printemps-là, nous discutions des choix que j’allais être amené à faire quant à ma carrière. Il m’encouragea à m’inscrire en classe d’Histoire à l’université d’Harvard où je fus admis. Mais j’exprimais des réserves quant à une carrière universitaire dans l’Histoire que j’aimais tant, du fait que, selon l’analyse de Quigley, nous prendrions les décisions sociales importantes de notre vie de façon irrationnelle et ad hoc sans vraiment y avoir réfléchi. Après réflexion, je me réorientai donc vers une école de Droit.

« À Princeton, Carroll Quigley rencontra et épousa Lillian Fox. Ils passèrent leur lune de miel à Paris et en Italie grâce à une bourse afin qu’il rédige sa dissertation doctorale, qui portait sur l’étude de l’administration publique du royaume d’Italie de 1805 à 1814. L’évolution des États au sein de l’Europe occidentale au cours des cent dernières années a toujours fasciné Quigley. Il percevait le développement de l’administration publique dans les États napoléoniens comme étant une étape importante dans l’évolution de l’État moderne. Il exprimait toujours un sentiment de frustration quant au fait que chaque nation, y compris la nôtre, considère sa propre Histoire comme unique et trouve peu importante celle des autres pays.

« Entre 1938 et 1941, Quigley exerça pendant un petit moment à Harvard, en qualité de précepteur en Histoire ancienne et médiévale pour des étudiants de cycle supérieur. Le développement des points de vue cosmiques n’avait que peu de place dans ses cours, et il n’éprouvait pas une complète satisfaction à travailler là-bas. Cela étant, je garde de cette expérience un très bon souvenir. J’étais entré à l’école de Droit d’Harvard. Nous avions l’habitude de nous retrouver à l’appartement de Carroll et Lillian pour le petit-déjeuner.

En 1941, Quigley accepta un poste de professeur à la School of Foreign Service de l’université de Georgetown, dans le but d’investir le plus gros de son énergie dans le reste de sa vie trépidante. Là-bas, il devint un professeur quasi légendaire. Il choisit d’enseigner le cours sur le « Développement de la civilisation », qui était obligatoire pour la nouvelle promotion. Ce fut autour de ce cours que s’articula finalement son ouvrage L’Évolution des civilisations. L’avoir comme professeur était une expérience intellectuelle précieuse pour les jeunes étudiants, une aventure propice à l’ouverture d’esprit. Les élèves diplômés de la Foreign Service School, qui se rencontraient quelques années plus tard partout dans le monde au cours de leur carrière, établissaient des relations entre eux en témoignant de leur expérience en tant qu’élève de la classe de Quigley. Ce cours fut, pour ces étudiants, une initiation intellectuelle inoubliable qu’ils pouvaient partager entre eux, quel que soit l’année d’obtention de leur diplôme.

« Les hasards de la vie nous réunirent à nouveau. Pendant la Seconde guerre mondiale, j’occupai le poste d’officier subalterne au service du commandant Ernest King à Washington. Avec Carroll, on se voyait souvent. Vingt ans plus tard, après avoir pratiqué le Droit en Oregon, j’entrai au gouvernement avec le président Kennedy. Notre fille aînée devint une des étudiantes de Carroll à l’université de Georgetown. Nous avions acheté une maison non loin de celle de Carroll et Lillian et nous avions l’habitude de prendre le petit-déjeuner ensemble tous les dimanches pendant des années, au cours desquels nous reprenions nos débats sur les affaires d’un monde en perdition.

« Quigley était un merveilleux professeur, et le travail prodigieux de toute une vie ne pouvait être justifié que par ce succès. Cependant, il s’avéra être bien plus que ça. Pour moi, c’était un grand homme – il se rirait de moi – égalant saint Augustin, Abélard et Thomas d’Aquin, qui était en quête de vérité grâce à l’examen de la réalité ultime telle qu’elle était décrite dans l’Histoire. Il y a longtemps, il quitta l’Église au sens strict du terme mais, spirituellement et intellectuellement parlant, il en faisait toujours partie. Il ne s’écarta jamais de sa recherche du sens de la vie. C’était son objectif premier et de loin le plus important. Si le dieu des civilisations occidentales, pour qui Quigley consacra tant d’années d’études, existait vraiment sous les caractéristiques qu’il vit lui être attribué par notre civilisation, alors ce dieu aurait accueilli Quigley comme quelqu’un qui l’a rendu fier. » — (Carroll Quigley, L’Évolution des civilisations. New York : Macmillan, 1961, pp. 13-16.)

Carroll Quigley était professeur d’Histoire à la Foreign Service School de l’université de Georgetown. Il enseigna également à Princeton et à Harvard. Il avait conduit des recherches approfondies sur les archives de la France, de l’Italie et de l’Angleterre. Il était membre du comité de rédaction de l’Histoire contemporaine, de l’Association américaine pour l’avancement des sciences, de l’Association américaine d’anthropologie ainsi que de l’Association américaine d’économie. Pendant plusieurs années, il enseigna l’Histoire de la Russie au Collège industriel des forces armées et celle de l’Afrique à la Brookings Institution. Il agit notamment souvent à titre de conférencier au département d’État américain, au laboratoire d’armes navales américain (Naval Weapons Laboratory), au département d’État de l’Institut du service extérieur des États-Unis, et au Collège naval de Norfolk, en Virginie. En 1958, il était consultant au Congressional Select Committee (commission du Congrès des États-Unis) qui mit en place la NASA. Il était conseiller en Histoire à la Smithsonian Institution et participa à l’élaboration du nouveau Musée d’Histoire et de technologie (maintenant appelé Musée national d’Histoire américaine). Au cours de l’été 1964, il intervint en qualité de consultant pour un projet sur les fonds marins à la Navy Post-Graduate School, école universitaire gérée par l’US Navy, basée à Monterey, en Californie. Ce projet fut créé dans le but de visualiser le statut de futurs systèmes d’armements américains.

Tragédie et Espoir éclairera les esprits de tous les sincères chercheurs de vérité et dévoilera les puissances cachées qui manipulaient avec soin l’hémisphère occidental, l’Amérique, l’Europe, l’Asie, la Russie, la Chine et le Moyen Orient pendant plus de 250 ans.

En 1996, je publiai une étude en 24 volumes intitulée Sur la gouvernance mondiale au XXIe siècle. L’ouvrage était le résultat de mes nombreux voyages et de mes nombreuses recherches à travers les États-Unis, l’Europe et le Moyen Orient. Il est en total accord avec les affirmations et déclarations du professeur Carroll Quigley dans Tragédie et Espoir. J’espère sincèrement que le lecteur prendra le temps de parcourir avec soin et pèsera chacun des mots de cet ouvrage assez remarquable, qui lui donnera, par la suite, l’envie de lire et examiner attentivement Sur la gouvernance mondiale au XXIe siècle.

Michael L. Chadwick